Lutte contre la pauvreté dans le sahel : Plus de 19 000 ménages vulnérables bénéficieront du projet « Filets sociaux » dans le cadre des appuis de la composante 3 du PADEL.
« Accroître l’accès des ménages pauvres et vulnérables aux filets sociaux », sur cette question fondamentale, votre bulletin s’est entretenu avec Emile ZABSONRE, responsable de la composante 3 du PADEL.
Actu PADEL: Présentez-nous le projet « Filets sociaux »
Emile ZABSONRE : Le Projet Filets Sociaux « Burkin-Naong-Sa Ya » est une initiative du Gouvernement du Burkina Faso pour lutter contre la pauvreté. Il est financé par la Banque mondiale à travers l’Association Internationale de Développement (IDA) sous forme de crédit d’un montant de 50 millions de dollars US (25 milliards de FCFA) pour une durée de cinq ans, allant de septembre 2014 à août 2019. En janvier 2017, le Gouvernement a bénéficié d’un financement additionnel dans le cadre du Programme de protection sociale adaptative dans le sahel (ASP) mis en place grâce aux Fonds « MDTF » (multi-donor trust fund ou Fonds d’affectation spéciale multi-donateurs). Ce don a permis au projet de s’étendre et de diversifier ses interventions pour un mieux-être des populations bénéficiaires et le renforcement de leur résilience face aux chocs. L’objectif du projet « Burkin-Naong-Sa Ya » est d’« accroître l’accès des ménages pauvres et vulnérables aux filets sociaux et d’établir les fondements d’un système adaptatif de filets sociaux au Burkina Faso ». Le financement additionnel va prolonger la date de clôture du projet au 31 août 2020. Des négociations sont en cours pour une prolongation et une extension du projet avec la Banque mondiale. Le projet intervient essentiellement dans le domaine des transferts monétaires, avec des mesures d’accompagnement des bénéficiaires et des communautés sur la santé/ nutrition, le développement de la petite enfance et les activités productives. Les cibles du projet sont les ménages pauvres et vulnérables avec des enfants de moins de 15 ans, des femmes enceintes, des mères allaitantes ainsi que les ménages affectés ou vulnérables aux chocs et à l’insécurité alimentaire. Le nombre total des ménages bénéficiaires des transferts monétaires pendant la durée de vie du projet est estimé à 114 500.
AP: Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’Appui au Développement des Economies Locales (PADEL), une convention vous lie au programme, au terme de laquelle le Projet Filets Sociaux doit gérer la composante 3 «Protection sociale et inclusion des ménages vulnérables dans le circuit économique » que doit-on retenir des grandes lignes de cette convention ?
EZ: La convention entre les deux parties est conclue pour une durée d’un (01) an renouvelable sur la durée du Programme (2017- 2020) sur la base des résultats atteints et des activités exécutées par le Projet Filets Sociaux « Burkin-Naong-Sa Ya ». Selon les termes de la convention qui lie les deux parties, le Ministère de l’économie, des finances et du développement s’engage à travers l’Unité nationale de coordination du PADEL, à mettre à la disposition de l’Unité de gestion de la composante 3, les fonds nécessaires pour la mise en œuvre de son plan d’actions, les directives nécessaires aux différents acteurs pour la conduite efficace des actions qui leur incombent, les orientations pour l’accélération de la mise en œuvre et l’atteinte des résultats du PADEL et tout appui nécessaire à la réalisation des objectifs du PADEL. Le Projet Filets Sociaux s’engage auprès du Ministère de l’économie, des finances et du développement à exercer la fonction de maitrise d’ouvrage déléguée dans la mise en œuvre de la composante 3 du PADEL, par la coordination et la mise en œuvre de la composante, l’élaboration des programmes d’activités et des budgets, le reporting financier, l’administration administrative et financière et le suivi-évaluation.
AP: Depuis sa signature, quelles sont les activités que vous avez menées ?
EZ: Il était prévu d’effectuer le 1er cash transfert à 20 000 bénéficiaires du sahel avant la fin de l’année 2018, mais malheureusement les étapes préparatoires avant le paiement (sélection des villages, déroulement de l’enquête PMT, validation communautaire et enregistrement des bénéficiaires) ont pris plus de temps que prévu. Le 1 er paiement est prévu en mars 2019.
AP: En termes de statistiques combien de ménage doivent bénéficier du programme ?
EZ : Au total, 19 784 bénéficiaires ont été sélectionnés à l ’issue des enquêtes pour bénéficier des interventions au Sahel au titre de la Composante 3 du PADEL.
AP: Comment procédez-vous pour le ciblage des ménages vulnérables ?
EZ: Le ciblage se fait à deux niveaux. : le ciblage géographique et le ciblage des ménages. « Accroître l’accès des ménages pauvres et vulnérables aux filets sociaux », sur cette question fondamentale, votre bulletin s’est entretenu avec Emile ZABSONRE, responsable de la composante 3 du PADEL Le ciblage géographique concerne le choix des régions, des provinces (selon les données de l’INSD) et des villages (par tirage au sort). Quant au ciblage des ménages, il commence par l’enquête sur les ménages, à travers la méthode Proxy Means Test (PMT) ou enquête sur les moyens d’existence. Ensuite, une validation communautaire est effectuée à partir des listes des ménages présélectionnés pour s’assurer que la communauté reconnait la liste des ménages présélectionnés afin d’éviter des frustrations et toute éventuelle contestation. Enfin, à l’issue de la validation communautaire, les bénéficiaires sont enregistrés dans la base de données du projet et des carnets sont produits pour tous les bénéficiaires
AP: Comment se fait le paiement des transferts monétaires à ces ménages vulnérables ?
EZ : Les paiements seront électroniques (mobile banking) avec des opérateurs de téléphonie mobile qui ont été recrutés par appels à concurrence. Au regard de la situation d’insécurité qui prévaut au Burkina en général et au Sahel en particulier, c’est cette option qui s’est avérée le moyen le plus judicieux pour faire parvenir les cash aux personnes pauvres et vulnérables.
AP: Quels sont les difficultés que vous rencontrez dans la mise en œuvre plus particulièrement avec les bénéficiaires ?
EZ : A l’étape actuelle, les difficultés sont liées au contexte sécuritaire très fragilisé au Sahel qui entraine des mouvements importants des populations. L’insécurité exacerbe davantage la pauvreté de ces populations non seulement sur les plans économique et alimentaire, mais aussi sur le plan psychologique.
AP: Est-ce qu’une évaluation de l’impact global de vos interventions dans le Sahel est prévue et dans quel délai ?
EZ : Après deux ans d’intervention, et avec l’Unité de Coordination Nationale du PADEL, une évaluation d’impact sera réalisée pour nous assurer que nous sommes sur la bonne lancée dans la lutte contre la pauvreté au Sahel. Cette évaluation permettra de faire des recadrages au besoin pour accroître la résilience des populations pauvres et vulnérables dans cette zone du Burkina.
AP: S’il y avait des ajustements à faire à quel niveau devra-on intervenir?
EZ : Les activités étant lancées, c’est au fur et à mesure que nous ferons les ajustements, s’il y a lieu, pour répondre aux besoins des bénéficiaires.