COMPOSANTE 3 : PROTECTION SOCIALE ET INCLUSION DES MÉNAGES VULNÉRABLES DANS LE CIRCUIT ECONOMIQUE
La composante 3 du PADEL est mise en oeuvre par le Projet Filets Sociaux qui est sous la tutelle technique du Ministère de la femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire.
I/ HISTORIQUE
Le Projet Filets Sociaux, « Burkin-Naong-Sa-ya » est financé par la Banque mondiale et l’Etat Burkinabè et est mis en œuvre depuis 2014. En janvier 2017, le Gouvernement a obtenu un premier financement additionnel pour améliorer la capacité du système de filets sociaux du Burkina Faso en couplant le programme de transferts monétaires, composante-clé à des mesures d’accompagnement productives. Ce financement additionnel a été assuré par le Fonds d’affectation spéciale multi-donateurs pour la protection sociale adaptative au Sahel, fonds géré par la Banque mondiale. Il a pour objectif d’accroître l’accès des populations pauvres et vulnérables à des systèmes efficaces de protection sociale adaptative pour le renforcement de leur résilience.
Un deuxième financement additionnel a été obtenu en 2019 et permettra au projet d’amorcer un processus de passage à l’échelle avec l’extension des activités et la couverture d’autres régions. Ces régions ont été identifiées conformément au Programme d’appui au développement des économies locales (PADEL) et incluent celles qui accueillent d’importantes populations de réfugiés. Il s’agit des quatre provinces de la région du Sahel (Oudalan, Séno, Soum et Yagha), des trois provinces les plus pauvres de la région de la Boucle du Mouhoun (Kossi, Banwa, Nayala), des provinces du Bam et du Namentenga dans la région du Centre Nord, des provinces du Sanguié et du Boulkiemdé (10 nouvelles communes) dans la région du Centre-Ouest et des zones péri urbaines de Ouagadougou.
L’objectif de développement du projet consiste à « accroître l’accès des ménages pauvres et vulnérables aux filets sociaux et établir les fondements d’un système adaptatif de filets sociaux au Burkina Faso ».
II/ SOUS-COMPOSANTES
Le projet comporte les 5 sous-composantes suivantes :
Sous-composante 1: Transferts monétaires et programmes de sensibilisation destinés aux ménages pauvres et vulnérables
Cette sous-composante appuie l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de transferts monétaires qui constitue l’une des pierres angulaires des filets sociaux du Burkina Faso. Les transferts monétaires soutiennent les ménages pauvres avec de jeunes enfants en augmentant leurs revenus pendant une période de deux à trois ans. Les paiements sont effectués de manière régulière pour permettre aux bénéficiaires d’utiliser les transferts pour stabiliser leur consommation alimentaire. Cela contribue à améliorer la nutrition dans le ménage.
La composante comprend également des mesures d’accompagnement dans les villages bénéficiaires afin d’aider tous les ménages à acquérir des pratiques familiales susceptibles de contribuer au développement humain et en particulier d’améliorer la nutrition. Le but de ces mesures d’accompagnement est d’accroître les possibilités des ménages de rompre le cycle de transmission intergénérationnelle de la pauvreté, de réduire l’incidence de la malnutrition et d’améliorer les objectifs de développement durable. A la faveur du financement additionnel ASP obtenu par le projet en 2017, les mesures d’accompagnement se sont étendues au volet productif, en vue d’accroître la résilience des ménages face aux chocs.
Le projet élargira également ses mesures d’accompagnement pour influer sur les comportements à travers la prévention de la violence sexiste, la stigmatisation, les abus sociaux, les mariages forcés et précoces. De même, au regard de la fermeture des nombreuses écoles dans la région du Sahel en raison des attaques terroristes, les mesures d’accompagnement incluront désormais un enseignement primaire par la radio.
Sous-composante 2: Établissement des fondements d’un système national adaptatif de base de filets sociaux
Cette sous- composante apporte son soutien au Gouvernement dans l’élaboration des dispositifs et plateformes de gestion des filets sociaux ; elle mettra à jour et élargira l’application de la méthode de ciblage utilisée par le PFS-BNS, notamment à travers la liaison avec le système d’alerte précoce (SAP) et les données du système d’information géographique, afin d’identifier les zones géographiques affectées ou vulnérables aux chocs. La composante procède également à l’actualisation des méthodes de ciblage des ménages afin que le programme de Transferts Monétaires soit en mesure d’identifier plus rapidement les ménages affectés ou vulnérables aux chocs et à l’insécurité alimentaire.
Elle participe à la configuration en cours d’un registre social national, incluant la définition d’une approche de ciblage harmonisée.
Sous-composante 3: Gestion du projet
Cette composante finance les activités de gestion et de coordination du projet liées aux autres composantes. Au niveau local, le projet s’appuie sur les structures déconcentrées existantes du Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire (MFSNFAH) et les renforce pour assurer la mise en œuvre efficiente des activités. La composante finance les coûts opérationnels, les coûts de fonctionnement et équipements du projet.
Cette composante permet également d’assurer la coordination des activités liées au suivi-évaluation et à la transparence du programme, notamment les campagnes d’information et de communication, l’évaluation des processus, les vérifications inopinées et les audits.
Sous-composante 4 : Programme de travaux à haute intensité de main-d’œuvre
Cette nouvelle sous-composante cible les réfugiés et les communautés d’accueil dans la région du Sahel. Les bénéficiaires auront accès à des emplois générateurs de revenus tout en réhabilitant et entretenant les infrastructures en zones rurales et urbaines et en créant une activité économique susceptible de créer des opportunités d’emploi et de revenus supplémentaires. Les travaux publics à forte intensité de main-d’œuvre ont un double avantage lorsqu’ils envisagent une protection sociale appropriée pour les réfugiés et les communautés hôtes au Burkina. Ils fournissent le revenu temporaire nécessaire dans le contexte d’une aide humanitaire décroissante. L’approche de ciblage propre aux THIMO garantit que les personnes les plus vulnérables choisissent elles-mêmes l’activité. Elle peut être mise en œuvre avec la même efficacité dans les camps de réfugiés et les communautés hôtes. La composante entrainera la création et la réhabilitation d’infrastructures communautaires de base.
Sous-composante 5 : Composante d’intervention d’urgence éventuelle
Compte tenu de la détérioration de la situation sécuritaire et de l’exposition du pays à l’instabilité régionale, aux déplacements de population et aux chocs liés au climat, un élément d’intervention en cas d’urgence est ajouté au projet. À la suite d’une crise ou d’une situation d’urgence éligible, l’emprunteur peut demander à la Banque de réaffecter les fonds du projet à l’appui des interventions d’urgence et de la reconstruction. Cette sous-composante tirerait des subventions non engagées de ce projet (et d’autres projets sur décision de la direction du pays) pour couvrir les interventions d’urgence. Une crise ou une urgence éligible est un événement qui a provoqué ou est susceptible de provoquer de manière imminente un impact économique et / ou social défavorable majeur, associé à une crise ou à une catastrophe naturelle ou provoquée par l’homme.
III/ ZONES D’INTERVENTION
Le projet-mère est intervenu dans sept (7) provinces des régions du Centre-Est, de l’Est et du Nord. Grâce au premier financement additionnel obtenu en 2017, les provinces du Passoré, du Lorum (Nord) et du Boulkiemdé (Centre-Ouest) ont bénéficié de transferts électroniques et de mesures productives dans le cadre du programme de protection sociale adaptative au Sahel (ASP).
Ces régions et provinces ont été sélectionnés selon les critères de ciblage du programme (taux de pauvreté chronique et malnutrition chronique sévère ; complémentarité avec d’autres interventions dans les domaines de la nutrition et de la santé). Sur l’ensemble du territoire, le projet couvre :5 régions/13 ; 14 provinces/45 ; 78 communes/352 et 720 villages.
Par région, les zones d’intervention se présentent comme suit :
- Région du Nord : Provinces du Yatenga, Zondoma, Lorum et Passoré soit 19 communes;
- Région de l’Est : Provinces du Gourma, Tapoa et Kompienga soit 17 communes ;
- Région du Centre-Est : Provinces du Boulgou et Koulpélogo soit 11 communes ;
- Région du Centre-Ouest : Province du Boulkiemdé soit 05 communes;
- Région du Sahel : provinces de l’Oudalan, du Séno, du Soum et du Yagha soit 26 communes.
Les cibles du projet sont les ménages pauvres et vulnérables avec des enfants de moins de 15 ans, des femmes enceintes, des mères allaitantes ainsi que les ménages affectés ou vulnérables aux chocs et à l’insécurité alimentaire.
Le nombre total de bénéficiaires des transferts monétaires est de 101 624 bénéficiaires avec plus de 570 362 personnes touchées. En avril 2020, 39 paiements avaient été effectués. Le montant transféré directement aux bénéficiaires est de 20 394 810 000 FCFA.
La répartition des bénéficiaires selon les régions est la suivante :
- Région du Nord(Yatenga, Zondoma, Lorum et Passoré): 24 671
- Région de l’Est(Gourma, Kompienga et Tapoa): 29 561
- Région du Centre- Est(Boulgou et Koulpelogo): 20 025
- Région du Centre- Ouest(Boulkiemdé): 7583
- Région du Sahel(Séno, Yagha, Oudalan et Soum): 19 784
- V/ DOMAINES D’INTERVENTION
Les principaux domaines d’intervention sont
- les transferts monétaires
- Pour le projet-mère (Nord, Est, Centre-Est), 12 paiements trimestriels de 30 à 40 milles FCFA pendant 36 mois ;
- Pour le premier financement additionnel long terme (Passoré, Lorum), 12 paiements bimestriels ; 30 à 40 milles FCFA
- Pour le premier financement additionnel court terme (Boulkiemdé) : 3 paiements annuels de 20 mille FCFA, effectués en mai, juillet et septembre ce qui correspond à la période, avant, pendant et après la soudure ; le paiement a été renouvelé l’année suivante auprès des mêmes bénéficiaires.
- les mesures d’accompagnement
Les bénéficiaires sont les femmes des ménages pauvres, enceintes, allaitantes ou avec des enfants de moins de 15 ans. En plus de recevoir les transferts monétaires, elles sont constituées en groupes d’éducation (25 femmes par groupe) et reçoivent mensuellement des sensibilisations sur les thèmes de santé-nutrition, d’hygiène et de développement de la petite enfance, notamment pour les femmes ayant des enfants de moins de 3 ans. Ces sensibilisations sont menées par les facilitateurs communautaires (FACOM), des mères-leaders et des animatrices. Des visites à domicile sont également réalisées pour s’assurer du suivi des consignes reçues lors des éducations de groupes. En outre, dans le cadre de l’évaluation d’impact des interventions dans les régions de l’Est et du Centre-Est, il a été prévu d’intensifier les visites à domicile dans certains villages. Deux ONG ont ainsi été recrutées pour appuyer le projet. Les FACOM et mères-leaders de ces régions sont alors appuyés par des animatrices pour la réalisation des VAD.
Quant à la région du Nord, des mesures productives ont été réalisées dans le cadre d’une recherche sous régionale pilotée par le programme ASP. Ainsi, les bénéficiaires ont reçu 7 mesures : formation de groupes et Coaching, Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC), Sensibilisation communautaire sur les aspirations et les normes sociales, Formation en Ateliers Compétences de Vie (ACV), Formation Compétences Techniques et micro-entrepreneuriales (GERME), octroi d’une subvention productive, facilitation de l’accès au marché d’intrants. Pour la mise en œuvre de ces mesures, le projet a sollicité l’appui de l’ONG Trickle Up pour le coaching et la mise en place des AVEC, la Maison de l’Entreprise du Burkina pour l’ACV et le GERME, l’ONG ACTES et SPRING ont mis en œuvre la sensibilisation communautaire sur les aspirations et les normes sociales. Des personnes ressources communautaires et des mères-leaders mettent en œuvre ces mesures en tandem avec les FACOM.
- les travaux à haute intensité de main-d’œuvre:
Au Sahel, des travaux à haute intensité de main d’œuvre seront également réalisés en faveur des réfugiés et des communautés d’accueil. Les THIMO débuteront également dans les communes accessibles.
VI/ DISPOSITIF INSTITUTIONNEL
Le cadre institutionnel du projet est structuré comme suit :
Au niveau central :
- un Comité de revue qui est l’organe d’orientation et de prise de décision du projet.
- une Unité de gestion du projet (UGP) au niveau central pour la Coordination, la supervision et le Suivi-évaluation des activités.
Au niveau régional, le dispositif de terrain qui est composé de :
- chargés régionaux des opérations (CRO) qui sont les représentants du projet au niveau régional ;
- facilitateurs communautaires (FACOM) et des travailleurs sociaux au niveau communal, en contact direct avec les bénéficiaires et qui assurent l’exécution des activités.
VII/ LES ACQUIS DU PROJET
En terme de résultats qualitatifs et en attendant, les résultats de l’étude d’impact, les témoignages recueillis lors suivis font ressortir :
- une amélioration des conditions de vie se manifestant par une meilleure alimentation du ménage, la scolarisation et une bonne prise en charge sanitaire ;
- un fort engouement des bénéficiaires aux mesures d’accompagnement ;
- une inclusion financière des bénéficiaires à travers le développement des activités génératrices de revenus ;
- une harmonie dans la majorité des couples.
VIII/ DIFFICULTÉS
Il est à noter que la dégradation de la situation sécuritaire a impacté négativement la mise en œuvre des activités du projet. En dépit du passage des paiements physiques au paiement électronique, le projet rencontre des difficultés pour ses interventions au Sahel, épicentre du terrorisme. En effet, 19 784 bénéficiaires avaient été sélectionnées. Mais l’insécurité grandissante a occasionné l’inaccessibilité de certaines communes et par conséquent un déplacement des populations vers d’autres communes. Après de multiples échanges avec les autorités du Sahel, il a été décidé de payer les bénéficiaires des communes accessibles. Ainsi 2681 bénéficiaires des communes de Dori et Falangoutou ont reçu leurs premiers transferts dans le mois de mars 2020. Le projet continue de chercher les meilleurs moyens pour payer progressivement l’ensemble des bénéficiaires du Sahel. Enfin, la pandémie du COVID 19 constitue une autre difficulté majeure dans la mise en œuvres des activités.